Les éditions Ulmer nous offrent un très bel ouvrage qui expose une approche originale de notre histoire, et cela sous l’angle du végétal. Présenté plante par plante, ce ne sont pas moins de 80 espèces que ce livre nous fait (re)découvrir. Celui-ci se présente comme un abécédaire qui, aux vues des très belles planches botaniques, prend un air d’herbier. C’est un plaisir de passer de l’œillet à l’euphorbe, de la primevère à la canne à sucre ou de la garance à la gardénia. Des peintures ainsi que des documents historiques viennent également illustrer les récits.
Les plantes dans l’Histoire : des récits pluriels
La force de cet ouvrage ne réside pas seulement dans la narration de récits abordés sous le prisme du végétal. Chaque plante est une opportunité pour Hélène Tierchant – historienne – de nous plonger dans différentes manières d’aborder l’histoire et au final de constituer une histoire plurielle : histoire religieuse avec le buisson ardent, histoire économique avec le caféier qui a été l’objet de rivalité économique entre empires, histoire de la philosophie avec Socrate et la ciguë dont on apprend que l’usage n’était pas réservé aux seuls condamnés à mort, mais également à tous citoyens athéniens qui en faisait la requête en bonne et due forme auprès des autorités.
Des évènements connus et moins connus
Nous sont narrés des évènements connus de tous mais toujours avec son lot de découvertes : qui sait aujourd’hui qu’une branche de marronnier a servi de signe de ralliement pour la prise de la Bastille et représente l’ancêtre de la cocarde bleue, blanc, rouge !
Inversement, nous avons le plaisir de découvrir des aspects méconnus de l’histoire avec, par exemple, le siège de Rome par Alaric Ier qui, en 410, après avoir soumis la cité de César à un pillage en règle menacera de la réduire en cendres à moins que l’on ne lui verse 5 000 livres d’or ainsi que, plus étonnant, 3 000 livres de poivre !
En conclusion
Symbole religieux, signe de ralliement, emblème politique, objet d’étude… les plantes font partie de notre univers commun et, à ce titre, il est tout à fait normal que celles-ci prennent une place dans les récits qui constituent notre histoire.
Ce livre permet ainsi de prendre conscience que les plantes ne sont pas seulement des petits bouts de vie éparses tout juste bonnes à être admirées, cultivées ou ingérées… Elles épousent toute la complexité du réel : inconstantes, changeantes, elles sont à l’image de l’histoire de l’ormeau au pied duquel s’installaient les collecteurs d’impôts et symbolisait donc l’oppression judiciaire et fiscale pour être finalement abattus et remplacés lors de la Révolution française par de jeunes ormeaux baptisés « arbre de la Liberté ».